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Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
 Il gère son temps comme une exploitation agricole.
 Ce matin, la ville s'est comme  éveillée dans une brume d'eau comme dans un pleaid grisâtre qui par moments se liquéfie en un spray tonique aux odeur d'algues et d'iode.
 J'ai parfois la naïveté de croire qu'il n'est pas utile de fixer mes idées pour en cerner les dimensions réelles et, n'écrivant plus d'articles théoriques, autant les déposer là…
 Le présent n'est qu'une mémoire de l'instant.
 Il marche toujours dans une certaine vacance de la pensée.
 Que signifie "conserver" ? On conserve quoi ?
Les souvenirs nous séparent des vivants, peu à peu nous ne sommes plus entourés que de morts qui font écran entre le monde qui fut et celui qui pourrait encore être.