À cause (grâce ?…) à cet espèce d’attendrissement stupide d’homme vieillissant qui, me poussant à regarder plus en arrière qu’en avant, me fait fouiller dans les archives de ma correspondance, je redécouvre ce que j’avais oublié, le nombre « d’amis » alors inconnus avec qui je correspondais aux temps où je me malais de revues et de littérature et qui, tant bien que mal, se sont faits un nom dans le domaine des lettres. Ainsi donc, tous ces jeunes écrivains ont persisté l’essentiel de leur vie dans cette voie sans issue véritable ! Écrire pour ne pas voir la vie telle qu’elle est, écrire la vie pour l’oublier, s’user dans la mastication ruminante des mots.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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