Dévider un fil du souvenir n’est pas difficile une fois que dans la pelote emmêlée du cerveau, le bout de l’un ou de l’autre, pour une raison, une autre, un mot, une image, une chanson, un brin de musique, ont en fait apparaître un bout. Mais les bouts sont innombrables et se cachent l’un l’autre, se confondent rendant leur dégagement aléatoire ce qui fait que l’on ne peut jamais savoir lequel d’entre eux va soudain se révéler ouvrant enfin sa chaîne.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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