En dépit de notre prétention à la pensée, nous vivons dans l’irrationnel, nous nous efforçons sans cesse de maîtriser le chaos des événements, de nos façons d’être, mais les sentiments, les pulsions, nous submergent. J’ai longtemps cru pouvoir diriger ma vie ; j’ai longtemps cru avoir choisi ce qui je devais être, mais il a bien fallu me rendre à l’évidence, ce qui m’a fait ce que je suis devenu est davantage le produit des rencontres de hasard, des imprévus, de l’accidentel, des événements fortuits que de ma volonté : je suis un produit du désordre.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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