En dépit de notre prétention à la pensée, nous vivons dans l’irrationnel, nous nous efforçons sans cesse de maîtriser le chaos des événements, de nos façons d’être, mais les sentiments, les pulsions, nous submergent. J’ai longtemps cru pouvoir diriger ma vie ; j’ai longtemps cru avoir choisi ce qui je devais être, mais il a bien fallu me rendre à l’évidence, ce qui m’a fait ce que je suis devenu est davantage le produit des rencontres de hasard, des imprévus, de l’accidentel, des événements fortuits que de ma volonté : je suis un produit du désordre.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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