Hier, j'ai gâché une bonne moitié de ma journée à imaginer une phrase au point que, comme de ces chansons dont quelques mesures ne peuvent plus sortir de notre mémoire, elle était devenue une obsession. Je l'ai tournée dans tous les sens, déplaçant la place des mots, les remplaçant par d'autres, essayant de trouver un rythme parfait… À la fin de la journée, je l'ai mise sur le papier et, ce matin, je la trouve si fade, si lisse, si parfaite, que j'ai décidé de la supprimer. Écrire m'est à la fois un besoin et une hantise: je ne sais plus pourquoi écrire, je me rends compte que je ne sais pas vraiment écrire et pourtant… je suis incapable de m'en passer. Qui pourrait me dire comment en finir ?
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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