Hier, j'ai gâché une bonne moitié de ma journée à imaginer une phrase au point que, comme de ces chansons dont quelques mesures ne peuvent plus sortir de notre mémoire, elle était devenue une obsession. Je l'ai tournée dans tous les sens, déplaçant la place des mots, les remplaçant par d'autres, essayant de trouver un rythme parfait… À la fin de la journée, je l'ai mise sur le papier et, ce matin, je la trouve si fade, si lisse, si parfaite, que j'ai décidé de la supprimer. Écrire m'est à la fois un besoin et une hantise: je ne sais plus pourquoi écrire, je me rends compte que je ne sais pas vraiment écrire et pourtant… je suis incapable de m'en passer. Qui pourrait me dire comment en finir ?
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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