Je lis une phrase de roman et, à n’importe quel moment de ma lecture, à l’improviste, parti d’un fragment, d’un mot, d’un son, je suis entrainé dans un récit qui est le mien, en train de se construire, peut-être à mon insu. Ce son, ce mot, cette phrase, s’est mis en résonance ou me lance sur la voie d’une histoire en écriture. Le texte, le plus souvent, m’est un prétexte, au point que je peux avoir lu dix fois un livre et ne me souvenir de rien. Toute lecture m’est prétexte à écriture. Feuilleter un livre m’est aussi agréable que le lire dans son intégralité et je ne m’intéresse que peu à sa linéarité.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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