Je parle d’amour. Je dis : « aimez-moi », mais qu’est-ce vraiment que cet amour que je quémande ? Qu’est l’amour que je dis avoir éprouvé pour telle ou tel ? Aujourd’hui, avec le recul du temps, je ne suis plus très sûr de le savoir. J’aime en effet qui m’aime et ne crois pas à l’amour désespéré, celui dont l’objet n’entend rien. Aimer quelqu’un suppose, qu’à un moment ou un autre, il y ait réciprocité. J’ai tellement vu de mère blessées dans leur amour maternel — pourtant le plus désintéressé — parce que leur enfant, menant sa vie, ne s’occupait plus d’elles ; tant d’êtres blessés d’être ignorés avec leur amour orphelin… Plus l’amour se croit désintéressé plus il attend en retour : l’amour mystique attend d’être payé d’éternité ; l’amour romantique d’effusion. Le crapaud attend de l’amour qu’il le transforme en Prince et le ver de terre que l’étoile en fasse un ver luisant. Disant je t’aime, je ne fais donc rien d’autre que je suis digne d’être aimé et ce que je tends à l’objet de mon amour n’est rien de moins qu’un miroir dans lequel je me contemple.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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