J'écris pour affirmer que j'ai vécu, pour résister au temps qui passe, dépasser la douleur des paroles tues, des silences définitifs, pour essayer de me souvenir, peut-être même m'inventer des souvenirs, m’entretenir de dialogues qui ne peuvent plus avoir lieu, emplir de vie la solitude qui me cerne, repousser, feindre d'ignorer le néant vers lequel je m'achemine à grands pas. J'écris pour tous ceux qui m'ont laissé en route creusant chaque fois un peu plus mon cerveau d’absence. Mon écriture est leur vie et la certitude de ma mort.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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