Le désespoir de l’écriture, c’est le silence, écrire sans parvenir à atteindre un public assez large pour que sa parole soit entendue. Mais où placer la barre ? Certains disent que 200 exemplaires vendus est un succès, d’autres 1000, d’autres 2000. D’autres enfin n’attendent rien de leurs contemporains et ne visent que la postérité. Il y a une infinité d’arguments pour se leurrer soi-même et continuer, malgré tout, à noircir du papier ou des écrans d’ordinateurs.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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