Le secret serait peut-être de s’empêcher de penser, vivre sans penser ce que l’on vit, se mettre au niveau du rat si ce n’est celui trop végétatif du concombre. Ne jamais se poser de question ni sur l’avant ni sur l’après. Être… La discipline : lever telle heure, écrire une heure, déjeuner toujours de la même façon (thé vert, trois confitures…), travail une heure, café, travail une heure, marche la plus longue possible (mais les distances s’amenuisent d’année en année), retour par le café du commerce, petites courses, préparation du repas, repas, petite sieste, travail une heure, nouvelle marche, écrire deux ou trois heures, préparer le repas dus soir et celui du lendemain, télévision (le sujet est sans importance, sa fonction est d’endormissement, coucher, se lever deux ou trois fois dans la nuit pour pisser et l’on retrouve le ruban de Möbius… Généralement ça tient, mais l’écriture et la marche sont de redoutables embrayeurs de pensée qui, à tout moment, font craquer le corset disciplinaire. Alors l’esprit s’égare…
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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