Maurice Roman n’est pas un nom pour un écrivain, que penser en effet d’une annonce comme « le dernier roman de Roman » ? Impossible. Encore moins « le recueil de poèmes de Roman »… Indéclinable. De plus, une certaine Thyde Monnier (en fait Mathilde, mais le prénom de plume est plus intrigant) a publié une « Madame Roman ». D’ici qu’on s’imagine… Dès que j’ai commencé à écrire, ce que j’ai fait vers l’âge de douze ans, et à publier — il m’a fallu attendre ma seizième année — j’ai dû me trouver un nom de plume. Puis j’ai essayé d’en changer plusieurs fois et créé des hétéronymes en fonction de mes écrits et de mes humeurs. Ce n’était pas très commercial, les éditeurs n’aimaient pas trop. Ils ont dû faire avec.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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