Notre destin s’accomplit à chaque instant, le mien devait être de finir en vieillard ratatiné, isolé et amer, ne croyant plus en ce qui fut toute ma vie. Désespoir de la littérature… Était-il déjà en germe dans le petit enfant dont je tente de rapporter ici la vie paisible ? Davantage, peut-être, dans l’adolescent plutôt solitaire tourmenté de passions contraires ? S’achève-t-il (s’achèvera-t-il…) dans une vieillesse peu à peu contrainte à une activité réduite me rapprochant de ce règne végétal dont mon corps ne tardera pas à aller nourrir les racines ?
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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