Quelles différences y a-t-il entre raconter une histoire et se souvenir ? Plus j’avance dans le temps, moins je distingue les deux. Écrivant mon autobiographie, je ne sais plus vraiment si je me souviens ou si j’invente une vie qui ne serait que partiellement la mienne. Le souvenir isolé ne s’impose pas, il ne prend chair que dans le récit qui le porte, le lie à d’autres, le construit : se souvenir c’est ainsi toujours édifier la fiction d’une vie.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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