Dans mes moments de doute, à la limite de la dépression, quand la météorologie me condamne à l’enfermement dans l’îlot qu’est ma maison, dans l’île qu’est Montolieu, me restent mes disques et mes souvenirs de musique comme ces Offrandes (1921) de Varese, qui, bien sûr n’était pas dans la discothèque de mon père mais que j’ai découvertes bien longtemps après dans un éblouissement presque aussi absolu que celui que j’ai eu, à 15 ans, de découvrir le Pierrot Lunaire de Schönberg (1912), tous deux datant d’avant ma naissance.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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