Je viens de terminer l'autobiographie de Cendrars "La main coupée". Il se pose sans cesse en héros, posture qui ne m'attire ni ne me convient ni ne me convainc… C'est un homme d'imagination, ce que, m'efforçant de ratisser au plus près mes restes de souvenirs, je ne suis pas. Si l'écriture n'a d'intérêt que par l'imaginaire et l'inhabituel alors je ferais mieux d'arrêter tout de suite… Pourtant je continue, malgré tout persuadé, que chacun peut retrouver quelque chose de lui-même dans le récit de vies minuscules.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison
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