L'été 1931 fut très chaud. À Carmaux, ville peu aérée, chez mes grands-parents paternels où nous passions traditionnellement le mois d'août, j'étouffais. Tant je redoutais mon entrée en sixième, Il me semblait alors que cette asphyxie ne pouvait être qu’un présage de ce qui m'attendait. Je dormais mal, faisais des cauchemars, m’enfermait dans une bouderie permanente que, tout à leur fierté de ma réussite, mes parents ne comprenaient pas.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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