Peu à peu s’est installé en moi le manque d’appétence pour le dehors, je n’ai plus beaucoup envie de sortir de chez moi, quitter mon antre — ou mon refuge suivant la façon de le considérer. Je ne sais pas pourquoi. Ou plutôt je ne cherche pas vraiment à le savoir, c’est ainsi. C’est devenu ainsi. Je me sens lentement devenu étranger au monde, plus exactement étranger à toutes les personnes qui le peuplent et que je suis contraint de côtoyer dans tous les lieux publics. Leurs façons d’être, leurs comportements, leurs préoccupations, au mieux m’ennuient ; leurs conversations me rejettent. Le plus souvent, alors même qu’elles ne me concernent pas mais parce que je ne peux faire autrement qu’en percevoir des bribes, elles m’importunent.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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