Quoi qu’on fasse, on meurt seul, dans son coin, entouré de la comédie humaine. Étant donné mon âge, ma solitude et ma robustesse, je m’imagine bien mourir dans ma maison, à petit bruit, sans que personne ne s’en aperçoive pas plus Ronald d’un autre car le jour, la durée étant plus ou moins aléatoire, où décidera de me rendre visite, il trouvera ma porte close et ne s’en souciant pas plus que ça, repartira jusqu’à sa prochaine visite. Mon corps aura le temps de se dessécher — ou de pourrir car il ne comprendra qu’il se passe quelque chose d’anormal qu’après plusieurs aller-retour. Quant aux autres, il faudra une longue accumulation de courriers, et surtout de factures, sans réponse pour que quelqu’un se demande si je suis encore en vie.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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