« Le souvenir est comme un chien qui se couche où il lui plaît » dit Cees Nooteboom dans Rituels. J’aime cette phrase même si je n’en approuve pas le sens, du moins telle que je la comprends. S’il y a en effet une certaine indépendance du souvenir, la vie n’a vraiment de sens que celle que nous lui donnons, nous portons la responsabilité entière de ce que nous sommes, de ce que nous faisons. Toute ma vie, j’ai essayé de devenir quelqu’un, m’efforçant de produire des choses que je croyais remarquables, je me suis effacé devant l’aspect remarquable de ces choses, j’ai sacrifié les autres possibles de mon existence à ces possibles notabilités, mais je n’ai réussi qu’à me fabriquer des souvenirs, à remplir ma maison, de la cave au grenier, des traces dérisoires de mes actes.

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