Vieillissant ma mémoire se réduit à celle du poisson rouge: j'ai une idée que je trouve intéressante, je remarque quelque chose dont je veux garder le souvenir, une question dont je me propose de chercher la réponse et je fais autre chose. Deux minutes après, j'ai tout oublié de ce que je voulais conserver et cet oubli me torture car je n'ai pas oublié que je voulais me souvenir de quelque chose. Mais de quoi ? Il faudrait que je vive enchaîné à un carnet et un crayon. À condition que je puisse les utiliser immédiatement, peut-être ainsi…
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
Commentaires
Enregistrer un commentaire