Avec Ronald, nous avons assez longuement bavardé. Je ne lui ai pas demandé d’où il venait, je sais qu’il ne me dira que ce qu’il me jugera capable d’entendre : un peu de désordre, mais pas trop ; un peu de chaos, mais pas trop ; un peu de sexe… Pourtant il m’a dit venir d’Albanie avec sa vieille bagnole. Pourquoi l’Albanie ? « Chais pas » m’at-il répondu « pourquoi pas… ». Il serait allé à Tirana puis aurait visité le pays : Durés, Berat… S’il le souhaite il m’en dira davantage un de ces jours.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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