Comme mes amis ont pu s’en rendre compte, j’ai ressorti mes caisses de correspondance plongeant avec plaisir dans la nostalgie de ces vieilles lettres qui me rappellent des visages, des échanges, des amitiés que le temps a dissous. Comment les hommes d’aujourd’hui, utilisant — comme moi d’ailleurs lorsque j’en ai besoin — le courrier électronique pourront-ils, au soir de leur vie, par la magie de ces papiers jaunis, de ces signes sur la papier si différents les uns des autres, si évocateurs des personnalités de leurs auteurs, plonger ainsi dans leur mémoire ? Je ne parle pas de la postérité ni des chercheurs du futur dont je n’ai que faire mais des sentiments si riches, si pleins d’images et d’odeurs que les lettres, les cartes, les cartes illustrées, les dessins annotés procurent dans la solitude d’une fin de vie. Réflexion de vieillard, nostalgie gâteuse ? Peut-être… Certainement. Ils auront autre chose, des photos par milliers qui s’effacent, des enregistrements, des vidéos… Le monde change et dans ces changements j’ai parfois quelque peine à retrouver mes marques.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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