Comment faire, tous les matins, pour s’éveiller ? Comment se persuader que ce jour sera différent de celui de la veille et de l’avant-veille, qu’il s’y passera des choses, quelque chose ? La pulsion de vie veut nous persuader que le corps ne s’englue pas dans la routine qui le fait tenir : ouvrir les yeux, rester un temps dans cet entre-deux du rêve et de la réalité, se lever, faire un jus d’orange, préparer le thé, se laver, oui, parfois se laver pour débarrasser le corps de ces pesanteurs qui le tirent encore vers quelque chose qui pourrait être l’inertie, le sommeil… la mort ? Se mettre lentement à croire à l’utilité de ces petites mécaniques du quotidien s’efforçant de boucher les incessantes fissures entre l’appétit de vie du corps et l'engourdissement de l’esprit : ouvrir Facebook.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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