Comment faire, tous les matins, pour s’éveiller ? Comment se persuader que ce jour sera différent de celui de la veille et de l’avant-veille, qu’il s’y passera des choses, quelque chose ? La pulsion de vie veut nous persuader que le corps ne s’englue pas dans la routine qui le fait tenir : ouvrir les yeux, rester un temps dans cet entre-deux du rêve et de la réalité, se lever, faire un jus d’orange, préparer le thé, se laver, oui, parfois se laver pour débarrasser le corps de ces pesanteurs qui le tirent encore vers quelque chose qui pourrait être l’inertie, le sommeil… la mort ? Se mettre lentement à croire à l’utilité de ces petites mécaniques du quotidien s’efforçant de boucher les incessantes fissures entre l’appétit de vie du corps et l'engourdissement de l’esprit : ouvrir Facebook.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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