Depuis hier, tous ceux qui étaient en âge de vivre l’événement, se souviennent de la transmission télé du premier pas de Neil Armstrong sur la lune. J’avais 47 ans et ne m’en souviens pas. Bien sûr, j’ai vu mille fois ces images à la télévision, mais je ne me souviens pas de ce que je faisais à ce moment précis ni comment je l’ai perçu. J’avais alors ma boutique de livres dans le petit village de Saint-Alban, en Lozère. Je n’avais pas la télévision. Je devais être saoul, comme souvent, ou m’occuper d’une autre lune que notre astre des nuits. Quoi qu’il en soit je doute que tant de gens se souviennent de cela avec autant de précision. Lorsqu’il n’en dispose pas, le cerveau s’invente des souvenirs qui semblent aussi réels que les vrais souvenirs.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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