Hier Ronald, dans son corbillard, m’a conduit à Carcassonne où je devais voir mon notaire. Comment trouver un véhicule plus approprié. Nous nous sommes donnés rendez-vous sur une terrasse de la ville basse en fin d’après-midi et j’ai rôdé deux ou trois heures dans les rues. Les frottements des villes m’exaspèrent, je ne supporte pas la promiscuité, les odeurs des autres, les fumées de tabac, les bribes de conversations ineptes que je ne peux ne pas entendre. J’ai réalisé que la proxémique était chez moi très large : voir mes contemporains à moins de deux mètres m’indispose. Je suis un vieux loup solitaire.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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