Le désir, l’absence de désir… Je ne parle pas bien sûr du puissant désir amoureux qui fracasse les êtres les uns contre les autres et leur fait tout oublier du contexte dans lequel ils vivent, ni de l’intraitable désir sexuel qui dans son animalité absolue jette les corps dans une danse-combat frénétique… à mon âge, hélas — je ne sais…— la modération des sens et la fatigue du corps, en ont eu raison me mettant dans une paix relative. Non, pas ceux-là, mais les simples petits désirs quotidiens qui nous font avancer : l’envie de visiter un lieu inconnu, le désir gourmand de nourriture ou de lecture, l’attrait de tel ou tel objet, l’appétence pour l’inconnu… Ces toutes petites avidités qui, construisant un espoir sur les temps à venir, permettent, cahin-caha, à l’homme de tenir. Ces désirs là, de jour en jour s’amenuisent enfermant la vie dans une stupide routine sans réelle signification. Vivre ne peut être la seule finalité de mes jours. Et pourtant…
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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