Le seul de mes compatriotes que je supporte vraiment, c’est mon petit neveu Ronald. Peut-être parce que, d’une certaine façon, et de manière très différente, nous sommes tous deux marginaux, moi regardant le monde comme un astronome la lune, lui le regardant avec une ironie désabusée. Tout en lui fait partie de ce jeu, depuis ses tenues, sa voiture, son affectation du mépris de l’orthographe, sa coiffure, ses apparitions-disparitions… Il est en dehors de ce monde et cela me convient car il supporte tout de moi, jugeant ce qui paraitrait à d’autre insupportable, comme dérisoire et amusant. Je pense ainsi que ses présences-absences ne dépendent vraiment que de ses doses d’indulgence.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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