Le seul de mes compatriotes que je supporte vraiment, c’est mon petit neveu Ronald. Peut-être parce que, d’une certaine façon, et de manière très différente, nous sommes tous deux marginaux, moi regardant le monde comme un astronome la lune, lui le regardant avec une ironie désabusée. Tout en lui fait partie de ce jeu, depuis ses tenues, sa voiture, son affectation du mépris de l’orthographe, sa coiffure, ses apparitions-disparitions… Il est en dehors de ce monde et cela me convient car il supporte tout de moi, jugeant ce qui paraitrait à d’autre insupportable, comme dérisoire et amusant. Je pense ainsi que ses présences-absences ne dépendent vraiment que de ses doses d’indulgence.
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison...
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