Lire, pour un écrivain, c’est endurer les coups de poignard de l’écriture. Pas toujours, c’est vrai, rarement, c’est vrai, mais de temps en temps, les insoutenables coups de poignards que lui portent la force d’autres écritures qui osent aller jusqu’où lui-même n’a su parvenir, qui lui révèlent d’autres continents d’écriture qu’il n’avait même pas soupçonnés et qui, parce qu’ils ont été ouverts par d’autres lui sont désormais interdits. L’écrivain est toujours un martyre de l’écriture offrant sa souffrance au dieu incertain du livre.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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