Ne me demandez pas comment je suis arrivé à Montolieu et surtout comment je m’y suis fixé, je n’en sais rien. Le poids, l’encombrement des livres et des souvenirs sans doute. Ma maison, ici, est assez grande pour qu’ils aient pu s’y accumuler car je ne jette rien, j’ai toujours éprouvé des difficultés extrêmes à me séparer des objets qui ont fait mon quotidien, y compris de ceux que l’on appelle des souvenirs, béquilles de la mémoire, qui s’achètent sur nos lieux de passage : monuments sur lesquels tombe la neige, statuettes, cartes postales, fanions, médailles… J’en ai, dans mes caves, des caisses entières qu’aujourd’hui je n’ai plus le cœur ni le courage de remuer.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
Commentaires
Enregistrer un commentaire