Dans le silence épais qui m’entoure, je me parle. Dans ma solitude, je me parle, mais… je me suis toujours parlé comme, je le pense, la plupart des hommes. J’écoute les mots que je me dis, ces mots qui me disent et, me disant, me disent le monde, ces paroles, cette voix, qui m’occupent sans cesse, proférant des choses banales, souvent sans intérêt, répétitives mais parfois aussi, me semble-t-il, originales et dans cette éternelle conversation intime, me disent que je suis vivant, encore vivant et que c’est le langage qui me fait et me maintient, que la mort ne sera rien d’autre que l’invasion en moi du silence et qu’il me faut continuer à me parler pour essayer de le maintenir hors de moi.
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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