Le bonheur ?… J’ai, dans ma vie, connu des moments d’exaltation, de jubilation et de joie intense comme lorsqu’à 15 ans j’ai publié mon premier poème ou à 21 mon premier roman, lors de mon premier flirt ou encore lorsque j’ai réussi au bac. Je me sentais alors triomphant, le monde s’ouvrait à moi et, tout à l’instant présent, je ne projetais rien dans l’avenir. J’ai aussi connu des moments d’ivresse, de grandes explosions de jouissances, sexuelles vers mes 10 ans dans le silence des dortoirs, plus tard, plus forte encore avec ma première fille, puis, s’atténuant avec le temps et l’habitude, avec de nombreuses autres femmes ; quelques moments d’extase dans l’écriture lorsque il m’est arrivé, de temps en temps, trop rarement, d’écrire une phrase, qui allait plus loin que ce que je m’étais d’abord proposé d’écrire… J’ai bien vécu, mais je ne crois pas avoir connu l’allégresse, le vrai bonheur, cette durée dans l’équilibre, la stabilité du corps et de l’esprit, l’équanimité de l’âme que certains auteurs décrivent qui suffit à remplir leurs jours d’harmonie. Pourtant, aujourd’hui, que pourrais-je bien désirer d’autre ?
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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