Le silence éternel des espaces infinis ne m’effraie pas, le silence éternel des espaces infinis m’indiffère, il est là, hors de moi. Il est… Ce qui me préoccupe, m’inquiète, m’effraie, ce sont les minuscules silences qui, peu à peu s’installent autour de moi, s’agglutinent, forment une coquille dans laquelle je me sens de plus en plus enfermé, silence de ma maison, silence des rues d’un village moribond, silence d’une campagne déserte, silence de mes nuits d’insomnie où, les yeux fixés sur les infimes lueurs qui proviennent de mes persiennes, je mesure à leurs minuscules variations le passage du temps, silence de mes amis morts les uns après les autres, de membres de ma famille de plus en plus lointains, silence social, silences… Et dans ma tête ?
Regardant des photos de ma vie, je me trouve confronté à l'inutilité du temps : ces photos témoignent, et ne mentent pas, de ce que j'ai vécu et pourtant je ne m'y retrouve pas. Tel beau jeune homme svelte, presque dansant dans l'allée d'une forêt, je ne le reconnais pas même si j'ai la certitude absolue que ça été un moment de moi, tel enfant joufflu marchant difficilement soutenu de chaque côté par un de ses parents, tel adolescent en tenue de première communion s'appuyant sur l'épaule de son jeune frère… et ces dizaines d'autres jetées comme pour jalnner des espaces temporels variés me restent extérieurs. Certes j'ai été ceux ci à ces moments là mais je ne parviens à retrouver ni la texture ni la saveur de ces instants définitivement perdus. Ni madeleine ni flash de sensations : tout cela m'est définitivement perdu.
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