Le silence éternel des espaces infinis ne m’effraie pas, le silence éternel des espaces infinis m’indiffère, il est là, hors de moi. Il est… Ce qui me préoccupe, m’inquiète, m’effraie, ce sont les minuscules silences qui, peu à peu s’installent autour de moi, s’agglutinent, forment une coquille dans laquelle je me sens de plus en plus enfermé, silence de ma maison, silence des rues d’un village moribond, silence d’une campagne déserte, silence de mes nuits d’insomnie où, les yeux fixés sur les infimes lueurs qui proviennent de mes persiennes, je mesure à leurs minuscules variations le passage du temps, silence de mes amis morts les uns après les autres, de membres de ma famille de plus en plus lointains, silence social, silences… Et dans ma tête ?
Ce matin-là… Ce matin-là je m’éveillais avec un insondable sentiment de vide. Le ciel était étale, d’un bleu pâle absolu, le soleil faisait briller les feuillages, mettait l’espace en scène, enflammait les rosiers rouges dans le jardin en face de mon appartement, rien ne bougeait, c’était comme si tout avait été là, en place, de toute éternité, que rien jamais n’avait, ne devait changer. Une chaise, posée sur l’herbe évoquait l’absence totale de personnage, rien ne bougeait, le silence était total. Seul peut-être, si je forçais mon écoute, un très léger souffle venu de je ne savais où, indiquait que quelque chose, quelque part existait. Je m’assis dans un fauteuil, au soleil, sur le balcon, fermais les yeux. J’étais perdu. Il me semblait que tout ce que j’avais pu réaliser jusque là, que l’ensemble de ce que j’avais vécu était d’une complète vacuité, que j’avais, pour rien, vécu tout ce temps. Soudain, j’étais convaincu que les multiples projets qui, la veille encore, étaient ma raison
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